DISCOURS D’OUVERTURE DE SEM. DANIEL KABLAN DUNCAN, VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE « COLLOQUE INTERNATIONAL SUR L’OEUVRE DE PAIX DE FÉLIX HOUPHOUET-BOIGNY »

DISCOURS D’OUVERTURE  DE SEM. DANIEL KABLAN DUNCAN,   VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE  « COLLOQUE INTERNATIONAL SUR L’OEUVRE  DE PAIX DE FÉLIX HOUPHOUET-BOIGNY »

DISCOURS D’OUVERTURE DE SEM. DANIEL KABLAN DUNCAN, VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE « COLLOQUE INTERNATIONAL SUR L’OEUVRE DE PAIX DE FÉLIX HOUPHOUET-BOIGNY »

• Monsieur le Président du Sénat ;

• Monsieur le Vice-Président du PDCI-RDA, représentant le Président Henri Konan Bédié ;

• Monsieur le Représentant du Président de l’Assemblée nationale;

• Messieurs les Représentants des Présidents des Institutions;

 Mesdames et Messieurs les Ministres ;

 Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et les membres du corps diplomatique ;

 Monsieur le Préfet de Yamoussoukro ;

 Mesdames et Messieurs les membres du corps Préfectoral ;

 Monsieur le Maire de Yamoussoukro ;

 Mesdames et Messieurs les Elus ;

 Monsieur le Secrétaire Général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny ;

 Mesdames et Messieurs les Enseignants et Chercheurs des universités et Grandes Ecoles ;

 Honorables membres de la Famille Felix Houphouët-Boigny ;

 Majestés Rois et distingués Chefs traditionnels ;

 Vénérés Guides Religieux ;

 Honorables invités ;

 Chers filles et fils Houphouëtistes ;

 Chers élèves et étudiants de Yamoussoukro;

 Chers amis des médias ;

 Mesdames et Messieurs.

C’est toujours avec une grande joie que je me retrouve à Yamoussoukro, sur la terre natale du Président Félix Houphouët-Boigny. Cette joie est doublée d’une grande émotion lorsque la circonstance, comme ce matin, nous invite à parler de l’œuvre de l’« Apôtre de la Paix » qu’il a été et qu’il continue d’être, à l’occasion de l’ouverture du Colloque international consacré à l’œuvre de Paix de Félix Houphouët-Boigny .

C’est également un insigne honneur pour moi de représenter Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire, l’un de ses plus grands disciples, dans cette Fondation bâtie et dédiée à la recherche de la paix. Aussi, voudrais-je adresser ses vifs remerciements au Professeur Jean-Noël Loukou, Secrétaire Général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny, pour l’invitation qui lui a été adressée pour présider la cérémonie d’ouverture de cet important colloque international. C’est avec grand regret qu’il ne peut y prendre part personnellement, car empêché.

Qu’il me soit permis d’ajouter qu’il est de tout cœur avec vous, et qu’il a relevé que le thème de l’évènement qui nous réunit, ce jour, est hautement pertinent, notamment en cette période postélectorale. C’est pourquoi, il adresse ses félicitations au Secrétaire Général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny, et aux distingués participants de cet important colloque.
Le Président de la République est convaincu que les présentes assises contribueront à identifier les repères, les ressources et les actions concrètes nécessaires pour consolider la paix et la renonciation dans notre pays.

Je voudrais également adresser ses chaleureuses salutations à toutes les hautes personnalités ici présentes pour participer à ce grand moment de commémoration et de souvenir de la vie et de l’œuvre du Père Fondateur de la Côte d’Ivoire moderne.

Le Président Alassane OUATTARA adresse aussi le traditionnel « akwaba », c’est-à-dire la cordiale bienvenue à tous nos sœurs et frères venus de l’extérieur.

 Excellences, Mesdames et Messieurs

La rencontre de ce jour, 18 octobre, prolonge celle du 27 janvier 2018 consacrée au lancement de l’année Félix Houphouët-Boigny, à l’occasion de son 25ème anniversaire du décès du Père Fondateur de la Côte d’Ivoire moderne. Ce jour est historique car c’est aussi la date anniversaire de la naissance de ce grand homme. Il nous permet de porter au plus haut degré l’hommage et l’estime que nous lui devons.

Rechercher la paix est plus que jamais d’actualité dans le monde et singulièrement en Côte d’Ivoire. En effet, l’actualité quotidienne démontre éloquemment, combien le monde a soif de paix, tant il est en proie avec les conflits de tous genres, et de plus en plus violents.

Il nous rappelle surtout l’urgence de consolider les valeurs qui font de nos différences une force et une richesse, et de surmonter les nombreux défis actuels auxquels nous sommes confrontés.
En effet, les incertitudes liées aux menaces contre la paix et la sécurité internationales, les atteintes contre les droits de l’homme et la démocratie, la radicalisation et l’extrémisme violents, le terrorisme, entrainent l’érosion de la solidarité et le repli identitaire et communautaire incompatible avec notre idéal de « vivre ensemble ».

C’est pourquoi, ce Colloque s’offre comme une réelle opportunité de réflexion sur les causes profondes de ces phénomènes, et sur les réponses appropriées que nous devons collectivement y apporter.

Notre chère Côte d’Ivoire, engagée depuis 2011 sur le chemin de la réconciliation après plus d’une décennie de crise militaro-politique, a amorcé un progrès soutenu depuis que les enfants de Félix Houphouët-Boigny s’étaient mis ensemble pour travailler dans le cadre du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) créé le 18 mai 2005. Heureuse inspiration que fut cette démarche à laquelle, à vrai dire, peu de personnes, focalisées sur des dissensions passées, s’y attendaient et y croyaient.

Rechercher la paix en s’inspirant des œuvres de paix de Félix Houphouët-Boigny, c’est ce que venaient de réaliser ses enfants. L’un de fruits de cette union retrouvée fut la résilience desdits enfants face à l’âpreté des élections de 2010 et de la crise postélectorale, qui a occasionné 3 000 morts.

Au sortir de cette épreuve, les Ivoiriens, dans leur écrasante majorité avait dit : « plus jamais ça ! ». Oui, « plus jamais ça ! », était le message alors bien perçu par le Rassemblement des Houphouétistes comme le mandat impératif qui leur était donné d’avoir leurs regards désormais tournés vers la consolidation de la réconciliation nationale de tous les ivoiriens et un engagement résolu pour l’émergence.
C’est ainsi que faisant prévaloir l’intérêt suprême de la Nation, le Gouvernement s’est engagé, au lendemain de la crise post-électorale, dans le cadre du Plan National de Développement 2012-, d’un montant de 11 076 milliards de FCFA, sur trois axes prioritaires :

1. paix et sécurité ;
2. réconciliation nationale et cohésion sociale ;
3. reconstruction et relance économique.

Le Gouvernement a donc mis rapidement en œuvre de profondes réformes structurelles et sectorielles, avec des investissements significatifs dans les secteurs sociaux en vue d’asseoir un développement humain soutenu pour le bien-être des populations. L’on pourrait indiquer que, grâce à la paix, au-delà des grands succès économiques, des œuvres sociales significatives ont été réalisées ou sont en cours, notamment la gratuité d’un grand nombre de soins, l’école pour tous, l’Assurance Maladie Universelle.

Ces actions sont actuellement amplifiées avec des transferts monétaires dans le cadre du Projet Filets Sociaux Productifs au profit de 35 000 ménages, soit près de 226 000 bénéficiaires, financés à hauteur de 25 milliards de FCFA par la Banque mondiale sur la période 2015-2020. A ce montant vont maintenant s’ajouter 50 millions de dollars US supplémentaires (environ 25 milliards de FCFA) pour la poursuite de ce projet réussi, avec 80 000 ménages bénéficiaires.

Pour la période 2018-2020, le Président de la République a clairement affiché sa volonté d’accélérer l’action sociale du Gouvernement dans l’optique d’une meilleure répartition des fruits de la forte croissance économique. C’est dans ce sens que le Gouvernement a élaboré un Programme Social multisectoriel, mieux ciblé d’un montant total de 933,7 milliards de FCFA en vue de consolider rapidement les acquis.

Le Gouvernement, sous la haute égide du Président de la République, SEM Alassane OUATTARA, n’attend pas s’arrêter en si bon chemin, mais plutôt accélérer la marche de notre pays vers l’émergence. A cet effet, il a été défini dans le Programme de gouvernement décliné dans le PND 2016-2020 d’un montant de 30 000 milliards de FCFA, les cinq axes d’actions prioritaires ci-après :

1. le renforcement des Institutions pour la Paix et la
Bonne Gouvernance ;

2. la transformation structurelle de l’Economie ;

3. l’amélioration des conditions de vie des populations ;

4. la promotion de la Jeunesse et de la Femme ;

5. et l’émergence d’un Ivoirien nouveau.

Excellences, Mesdames et Messieurs

Le chemin suivi depuis la fin de la crise postélectorale par les Houphouétistes s’inscrit dans la droite ligne de l’action de paix du Président Félix Houphouët-Boigny.

En effet, notre rêve d’une Côte d’Ivoire en paix, telle que le Père de la Nation, le Président Félix Houphouët-Boigny nous l’a léguée, est en train progressivement et sûrement de se réaliser, malgré les habituelles difficultés de parcours. Mais, seule une paix durable, des institutions fortes et un Ivoirien Nouveau qui place l’intérêt de la nation au-dessus de tout, permettront à notre pays d’entrer dans le cercle des pays émergents, puis, de façon irréversible dans le cercle des grandes Nations démocratiques et développées.

Il nous faut œuvrer à bâtir :
 Une Côte d’Ivoire où le travail est une valeur reconnue et valorisée.

 Une Côte d’Ivoire où les droits de l’Homme et les droits de tous les citoyens sont garantis par une justice qui est la même pour tous.

 Une Côte d’Ivoire où les citoyens vivent en sécurité et se sentent protégés.

 Une Côte d’Ivoire enrichie par l’acceptation de sa diversité par tous ses Citoyens, non comme un handicap, mais plutôt comme une grande richesse.

 Une Côte d’Ivoire moderne qui offre à son peuple des opportunités de plein épanouissement et de lendemains meilleurs.

Je voudrais partager encore avec vous cette vision de notre Nation, une Côte d’Ivoire Nouvelle, et un Ivoirien Nouveau. Pour y parvenir, il nous faut entreprendre des changements significatifs non seulement dans nos Institutions, mais aussi et surtout, dans notre façon d’être, de travailler, dans notre façon de penser et d’agir.

La Côte d’Ivoire doit devenir une nation émergente dans cette Afrique qui devient et deviendra « la Nouvelle Frontière du Développement ».

Excellences, Mesdames et Messieurs,

En définitive, le père de la Nation, le Président Félix Houphoët-Boigny a bâti notre pays, me semble–t-i, sur deux grands piliers solides : la paix et la stabilité politique, d’une part, et le développement économique et social, d’autre part.

La paix et la stabilité politique sont un préalable nécessaire au développement économique et social. Mais parallèlement, le développement économique et social est indispensable pour soutenir cette paix et cette stabilité. En effet, il faut le rappeler « la pauvreté fait mauvais ménage avec la démocratie et la paix ».

Ce sont ces deux grands piliers qui ont fait la force de la Côte d’Ivoire, et lui ont permis de résister à tous les grands soubresauts qu’elle a traversés au cours de son histoire.

Dans ce contexte, et en ce qui concerne particulièrement la volonté de réconciliation, la récente amnistie accordée à l’occasion de la fête nationale du 7 août 2018 en est une grande manifestation éloquente. Et cela, après la mise en œuvre et la poursuite d’une politique hardie de cohésion sociale et de réparation en faveur des victimes de la grave crise militaro-politique. Ce chemin d’abnégation et d’efforts correspondant bien à la pensée de Félix Houphouët-Boigny quand il affirmait : « La paix, qui a constamment besoin d’exhortation, est une acquisition continue, le plus souvent silencieuse » (Cf. UNESCO, le 7 mai 1976).

Mais, comme vous le savez, depuis quelque temps, la Colombe de paix dont la présence nous ravit tant, est habitée par la velléité de nous quitter, de prendre « quelque peu le large ».
En effet, c’est avec consternation que nous avons vécu la résurgence de la violence à l’occasion des dernières élections municipales et régionales. Violence inutile dans un contexte où les voies légales de recours sont ouvertes à tous. Violence qui sacrifie des vies qu’aucune ambition ne peut ni expliquer, ni justifier. Cinq morts ou même un mort, c’est de trop ! Violence qui a détruit des vies humaines, qui bafoue la dignité des personnes et détruit les biens publics et privés. Le Président de la République condamne avec la plus grande fermeté ses violences dont il conviendra, le moment venu, de situer les responsabilités à travers les voies appropriées, notamment judicaires.

Mais d’ores et déjà, c’est en considération de ces tristes évènements qu’il faudra que ce Colloque sur l’œuvre de paix de Félix Houphouët-Boigny identifie les clés contribuant à l’avancement de la paix dans l’esprit et le cœur des Ivoiriens.

La Côte d’Ivoire doit toujours rester une nation engagée dans « l’Union, la discipline et le travail » pour l’épanouissement de ses filles et fils. Ce triptyque de la devise nationale résume notre idéal commun et notre farouche volonté de vivre ensemble et de nous investir ensemble dans la construction de la Côte d'Ivoire.

En effet, nous devons préserver la paix, l’entente et la cohésion sociale qui sont, comme nous le savons tous, « un préalable à tout développement durable ».

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Oui !
La paix est un facteur indispensable du développement durable. C’est l’héritage premier que nous a légué le Père-fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, le Président Félix Houphouët-Boigny qui disait, et je cite, « la Paix n’est pas un mot, mais un comportement ».

En réalité, et j’en suis intimement convaincu, l’Esprit de paix de Félix Houphouët-Boigny ne quittera jamais la Côte d’Ivoire et ses enfants, quelles que soient leurs dissensions du moment. Au contraire, Il les interpelle et leur rappelle que « dans la recherche de la paix, la vrai paix, de la paix juste et durable, on ne doit pas hésiter un seul instant à recourir au dialogue » (Cf. Discours devant le corps diplomatique, le 1er janvier 1970).

C’est donc avec une inébranlable conviction que nous disons tous : Non à la violence ! Oui au dialogue ! Oui à la paix !

Il est donc tout à fait naturel pour le Président de la République, SEM Alassane OUATTARA, d’inviter chacune et chacun de nous à entretenir de façon continue le dialogue, « l’arme des forts », comme aimait à le dire le Président Félix Houphouët-Boigny.

C’est le lieu de réaffirmer que la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, demeure un pays qui croit en la solidarité, en l’hospitalité, en la fraternité universelle, au respect et à la richesse de la diversité, valeurs cardinales avec lesquelles le Père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, le Président Félix Houphouët-Boigny, a tracé les sillons du développement et bâti la prospérité de la Côte d’Ivoire.

Des œuvres innombrables qu’il a léguées à la postérité, la Fondation Félix Houphouët-Boigny et la Basilique Notre dame de la Paix sont les plus emblématiques. La pensée de l’illustre personnalité, notamment diffusée à travers de nombreuses citations, n’est pas moins emblématique. Le tout concourt à porter son message à travers les générations et à encourager la poursuite de son action. C’est le cas avec (i) le prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix créé par l’UNESCO, (ii) la construction de l’Hôpital saint Joseph Moscatti au sein de la Grande Basilique Notre Dame de la Paix, ainsi qu’avec (iii) la création de l’Ecole de paix rattachée à la Fondation Félix Houphouët-Boigny, en relation avec l’UNESCO et l’Union Africaine.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Il ne fait aucun doute que les travaux du « Colloque international sur l’œuvre de paix de Félix Houphouët-Boigny » permettront aux experts de décrypter ladite œuvre en vue d’en ressortir les outils nécessaires à la consolidation de la paix et de la cohésion en Côte d’Ivoire et partout dans le monde.

D’ores et déjà, je voudrais adresser mes très chaleureuses félicitations aux deux lauréats du Prix Félix Houphouët-Boigny de la recherche visant à valoriser les travaux de recherche fondamentale ou appliquée réalisés par des étudiants de Master ou des Doctorants sur la vie et l’œuvre de cette très illustre personnalité.

C’est au bénéfice de ce qui précède, et avec la certitude que la « Paix » redeviendra « notre deuxième religion » et « notre pain quotidien », que je déclare ouvert, au nom de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République, le « Colloque International sur l’œuvre de paix de Félix Houphouët-Boigny ».

Vive la paix en Côte d’Ivoire, pour que vive la paix en Afrique, et afin que vive à jamais la mémoire et l’œuvre de paix du Président Félix Houphouët-Boigny, « Apôtre de la Paix » !

Je vous remercie de votre aimable attention.

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