Mot du vice-Président de la République, Daniel Kablan Duncan, à l’occasion de la 8è édition du « Building African Financial Markets 2019 »

Mot du vice-Président de la République, Daniel Kablan Duncan, à l’occasion de la 8è édition du « Building African Financial Markets 2019 »

Mot du vice-Président de la République, Daniel Kablan Duncan, à l’occasion de la 8è édition du « Building African Financial Markets 2019 »

• Messieurs les Ambassadeurs ;
• Monsieur le Président de l’African Securities Exchanges Association (ASEA) ;
• Monsieur le Président du Conseil Régional des Marchés Financiers (CREPMF) ;
• Monsieur le Président de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BVRM);
• Monsieur le Directeur Général de la BRVM, Vice-Président de l’African Securities Exchanges Association (ASEA) ;
• Mesdames et Messieurs les Membres de l’ASEA ;
• Mesdames et Messieurs les Membres de l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers de Côte d’Ivoire ;
• Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Professionnelles du secteur privé ;
• Mesdames et Messieurs les Dirigeants d’Entreprises ;
• Honorables Participants ;
• Chers Amis des Médias ;
• Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, de prime abord, vous souhaiter, au nom du Président de la République de Côte d’Ivoire, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, et du Gouvernement, le traditionnel « Akwaba », c'est-à-dire la cordiale bienvenue en terre ivoirienne, aux éminentes personnalités des marchés boursiers africains qui ont fait le déplacement d’Abidjan pour participer à ces importantes assises.

Je voudrais ensuite dire que c’est pour moi, un grand plaisir, de partager avec vous, ce 25 avril 2019, dans la capitale économique ivoirienne, ce moment si essentiel de la coopération économique et financière entre pays africains à l’occasion de l’une des plus importantes rencontres des acteurs des marchés de capitaux africains.

Cet intérêt se justifie, à mon sens, d’une part par le thème de cette conférence annuelle de l’ASEA ; à savoir « Le capital humain : un pilier de la compétitivité des marchés de capitaux Africains » et d’autre part, par l’importance des marchés financiers pour le développement des économies des pays africains, qui pourront y trouver le complément de capitaux nécessaires pour faire face à leurs besoins de financement.

Je me félicite donc du choix de ce thème qui devrait certainement permettre à votre assemblée de jeter un regard neuf sur le système de formation du capital humain dans les pays africains, maillon essentiel de notre quête de l’émergence. Comme chacun sait : « il n’est de richesse que d’hommes ».

Je voudrais, à cet effet, adresser au nom du Président de la République, nos vives félicitations aux organisateurs, à savoir les organes statutaires de l’African Securities Exchanges Association (ASEA) et tout particulièrement aux acteurs institutionnels du Marché Financier Régional, notamment le Conseil Régional des Marchés Financiers (CREPMF) , la BRVM et le Dépositaire Central et Banque de Règlement (DC/BR), dont je me félicite du dynamisme de plus en plus accru.

J’associe à ces remerciements les distingués participants venus de tous les horizons, à savoir, les Présidents des bourses et des autorités de régulation, membres statutaires de l’ASEA, les représentants des Membres Observateurs, notamment de la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Société Mondiale de Télécommunications Financières Interbancaires (SWIFT).

Je félicite également les Membres Associés de l’ASEA, il s’agit de : la Fédération des Bourses des Valeurs de l’Asie du Sud, Le Chartered Financial Analyst Institute et l’Institut Chartered d'Investissement en Valeurs Mobilières dont la présence affirmée contribuera, j’en suis convaincu, à l’enrichissement des discussions.

Je voudrais ensuite traduire aux initiateurs de ce forum, toute ma reconnaissance pour avoir décidé d’organiser cette rencontre à Abidjan et pour cette forte mobilisation qui contribuera sans aucun doute à consolider les acquis de nos marchés de capitaux ainsi que les relations d’échanges d’expériences et de partenariats qui existent déjà entre les bourses des valeurs mobilières africaines.

A travers l’honneur qui est fait à notre pays, et partant à toute la sous-région subsaharienne, nous lisons la manifestation d’un soutien de votre organisation, aux efforts de relance économique des pays de notre sous-région.
Nous apprécions donc, à sa juste valeur, cette marque de confiance en la Côte d’Ivoire, qui nous conforte dans notre volonté de rendre plus attractif l’environnement des affaires.

▪ Distingués Invités ;
▪ Excellences Mesdames et Messieurs ;

Ce Forum des pays membres de l’ASEA se tient dans un contexte marqué par un regain de croissance des économies africaines. En effet, la mise en œuvre efficiente des réformes structurelles et sectorielles profondes a permis à notre continent de réaliser au cours de la dernière décennie, un taux de croissance moyen de 5%, lui permettant d’être désormais visible sur l’échiquier économique mondial et la faisant apparaitre de plus en plus comme « la Nouvelle frontière du développement ».

Ces progrès, dont nous sommes au demeurant très fiers, ne doivent pas occulter les nombreux défis auxquels notre continent doit faire face pour s’intégrer complétement à l’économie mondiale de marché, et permettre à nos pays l’entrée dans la catégorie des Pays dits émergents.

En effet, malgré cette croissance, les pays africains continuent d’accuser un retard sur d’autres pays en voie de développement, notamment ceux d’Asie. La croissance du PIB par habitant de nos pays continue d’être significativement inférieure à celle de l’Asie et les niveaux de diversification et de sophistication de l’économie, dans la plupart des pays africains, demeurent encore faibles.

Il faut ainsi souligner que notre continent, ne représente que seulement 3%, des échanges mondiaux.

Cette sous-représentation de notre continent sur le marché mondial est, essentiellement due aux bases des économies africaines, pas suffisamment structurées, ni diversifiées et solides.

Il est donc urgent pour les pays africains d’envisager, d’ici à 2025, de porter leur contribution au commerce mondial à une part beaucoup plus significative, par le fort accroissement des investissements globaux tirés principalement par le secteur privé.

La consolidation de cette performance des économies africaines est un impératif et nous voulons accélérer notre développement afin de rattraper notre retard, réduire la pauvreté et donner du travail à nos nombreux jeunes diplômés.

La poursuite de cette dynamique nécessite, c’est vrai, des financements importants, soutenus notamment par un système financier efficace, innovant et compétitif, permettant de lever des ressources conséquentes aux meilleurs coûts.

Mais elle nécessite surtout que l’Afrique dispose d’un capital humain bien formé, en bonne santé et en pleine possession de ses capacités tant intellectuelles que physiques.

En effet selon une étude de la Banque Mondiale, le retard pris par notre continent sur le front de la pauvreté provient d’investissements insuffisants dans l’humain. Pour preuve, 25 des 30 pays situés en bas du classement de l’indice du capital humain se situent malheureusement en Afrique.
Cette étude précise que notre Continent pourrait afficher un PIB par habitant 2,5 fois supérieur à son niveau actuel, s’il investit suffisamment dans son capital humain, c’est-à-dire, notamment, dans l’éducation, la santé et la protection sociale.
Vous conviendrez avec moi dans ces conditions que la formation du capital humain constitue une priorité absolue pour nous, surtout que la population africaine de 1,2 milliard de personnes aujourd’hui, passera le cap de 2,5 milliards d’ici 2050, soit 25% de la population mondiale à cette période, et sera constituée, selon les cas, de 40% à 60% de jeunes.
Nous devons donc pouvoir tirer grand profit de cette dynamique jeunesse d’Afrique, afin que son énergie, sa créativité et sa résilience soient l’un de nos meilleurs atouts dans cette compétition mondiale et qu’elle devienne un vrai dividende démographique.
Pour ce faire, il est primordial que cette transmission du savoir soit de qualité, soit de celle qui fait la différence sur le marché du travail, tant à l’échelle nationale qu’internationale.
Et c’est en cela que le thème de votre session interpelle certes nous les Gouvernants chargés de définir et de mettre en œuvre les politiques de développement humain mais, il interpelle également votre corporation au moment où, acteur tardif dans la modernité des marchés financiers, les bourses africaines sont aujourd’hui bien présentes sur l’échiquier international et sont en pleine croissance.
Ainsi, selon les données à notre disposition :
- le nombre de bourses africaines actives est passé d’une douzaine au cours de la décennie 2010 à maintenant 32 dont 26 sont membres de l’ASEA et couvrent l’ensemble du continent. Il est à souligner que la plus importante, tant en termes de valorisation et de volume des transactions, est la Johannesburg Stock Exchange, le marché financier sud-africain;
- La capitalisation boursière a été multipliée par neuf (9) avec plus de 2000 entreprises cotées et se chiffre à 1,8 milliard de dollars américains dont 1,5 milliard de dollars américains pour les Bourses de l’ASEA ;
- Les introductions en bourse se sont multipliées, permettant à certaines banques ou à des entreprises, de lever des capitaux considérables, démontrant l’intérêt des investisseurs nationaux pour les places boursières africaines.
En outre, les places financières africaines ont progressivement suscité l’intérêt :
1/ des investisseurs internationaux à travers des fonds d’investissement spécialisés, qui comptent parmi leurs actifs,
2/ des entreprises africaines cotées de l’Afrique du sud, du Maroc, de l’Egypte, du Kenya et du Nigéria ainsi que des entreprises de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilière de l’UEMOA (BRVM), notamment de la Côte d’Ivoire et du Sénégal.
De même, plusieurs places financières abritent de nos jours des centaines d’entreprises, dont le principal lieu des opérations est le « continent africain », faisant de certaines d’entre elles, les principales places financières africaines.
Je citerai ainsi Londres qui est devenue la deuxième (2ème) bourse africaine, juste après l’Afrique du Sud, avec, à la fin de l’année 2018, 111 sociétés africaines cotées pour une valorisation de près de 150 milliards $ et le Toronto Stock Exchange, le marché financier canadien avec l’émergence des entreprises minières.
L’Afrique est également présente sur le marché international de la dette, avec les Etats comme de gros acteurs de ce segment, avec 102 sollicitations entre 2013 et 2017, pour un total de près de 31,4 milliards $, selon des données fournies par PRICE WATERHOUSE COOPERS.
Je voudrais en plus me réjouir avec vous de savoir qu’une place financière africaine, Casablanca Finance City a intégré, pour la première fois, le top 30 des places financières les plus compétitives au niveau mondial. En se positionnant à la 28ème place au dernier classement GFCI, le Global Financial Centres Index qui classe les centres financiers mondiaux sur la base de critères tels que, la compétitivité, les infrastructures et l’accès à un personnel hautement qualifié.
Je voudrais qu’on félicite également le management de la BRVM qui par son travail, par son savoir-faire, a permis, en si peu de temps, de faire classer cette institution dans la catégorie des marchés frontières par le Modern Index Strategy Indexes (MSCI) depuis novembre 2016.
La BRVM compte aujourd’hui 46 sociétés cotées dont 35 sociétés ivoiriennes. Elle est aujourd’hui forte d’une capitalisation totale de plus de 17,2 Milliards de dollars US (8 600 milliards de FCFA).
Par ailleurs, de 2012 à 2018, la capitalisation du marché obligataire y a progressé de 309 % ; passant de 1,7 Milliards de dollars US (832 milliards de FCFA) à 6,8 Milliards de Dollars US (3400 milliards de FCFA) en fin 2018.

▪ Honorables Participants ;
▪ Excellences, Mesdames, Messieurs ;

Le développement durable et inclusif représente une priorité forte pour les pays africains, comme préconisé par l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, et est inscrit au cœur de nos stratégies de développement portées par la vision de l’émergence dans la plupart des pays africains.

Toutefois les bonnes performances de nos économies cette dernière décennie, cachent de grandes difficultés et de grandes disparités, notamment en matière de levée de fonds en vue du financement des projets tant publics que privés. Ainsi, beaucoup de programmes de développement, sont restés au stade de projets.

La raison est que nos Etats n’ont pas souvent les ressources humaines suffisantes pour s’approprier fortement les instruments et leviers financiers nécessaires, notamment le recours aux marchés de capitaux, pour soutenir les projets susceptibles d’impulser significativement leur développement économique et social.

C’est en cela, me semble-t-il, que les bourses africaines sont une des clés de la transformation structurelle de l’Afrique en général et de nos Etats en particulier, et cela passe indubitablement par le défi du financement.

Je me félicite de cette forte volonté d’actions qui s’amorce à travers cette importante conférence.

Je voudrais me permettre de vous inviter à identifier les actions à mettre en œuvre à l’échelle continentale dans le cadre d’une convergence des politiques économiques et financières. L’enjeu est de hisser nos marchés de capitaux au niveau des autres pays par leur attrait et leur capacité de mobilisation de ressources financières.

Je salue à cet égard la décision que certains de vos membres ont prise en 2018 de mettre en place, l'African Exchanges Linkage Project (AELP) dont l'objectif est d'intégrer les Bourses et les marchés financiers du continent.

Pour ce faire, vous devez investir plus que par le passé dans le capital humain :
- afin que le personnel puisse être formé de façon efficace et s’adapte aux changements constants des méthodes et procédures au plan international ;
- et pour que, pour la majorité des africains, l’accès au produits financiers offerts sur les marchés de capitaux, ne continue pas de demeurer un luxe.

Il vous faut ainsi allier formation et éducation des agents, et innovations dans l’économie boursière, notamment par le biais de la recherche et le développement ainsi que par le partage d’expérience.
Ce sont des enjeux déterminants pour la pérennité de nos espaces financiers.
Ces innovations, couplées à de la technologie adéquate, permettraient aux marchés financiers africains, dont le taux de pénétration au sein de la population n’est que d’environ 5%, selon certains analystes, d'exploiter les énormes opportunités, d'élargir leur base avec des produits adaptés à notre contexte économique.

Au regard de la qualité des participants à ces assises, je reste convaincu que vos réflexions aboutiront à des solutions innovantes et pratiques.

En effet, ces solutions devront nous permettre de faire de notre système financier, le soutien, le grand pourvoyeur de ressources financières au service du développement économique et social de nos pays.
D’ores et déjà, je puis vous donner l’assurance que l’Etat de Côte d’Ivoire jouera à fond sa partition afin de vous apporter le soutien institutionnel nécessaire pour l’atteinte de vos objectifs.
C’est donc assuré de la qualité des échanges au cours des deux journées et de la pertinence des recommandations qui s’ensuivront que je voudrais clore mon propos, en vous souhaitant à toutes et à tous, un excellent séjour en Côte d’Ivoire et plein succès à vos travaux.
Sur ce, je me permets de déclarer, au nom du Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, ouverte la huitième (8ème) édition du Building African Financial Markets 2019.

Je vous remercie pour votre aimable attention.

Close