REUNION DU SECTEUR PRIVE SUR L’AFRIQUE DU RESEAU DES MARCHES EMMERGENTS DE L’OCDE

REUNION DU SECTEUR PRIVE SUR L’AFRIQUE DU RESEAU DES MARCHES EMMERGENTS DE L’OCDE

REUNION DU SECTEUR PRIVE SUR L’AFRIQUE DU RESEAU DES MARCHES EMMERGENTS DE L’OCDE

THEME : le futur de l’Afrique : industrialisation, technologies et entreprenariat : « Cas de la Côte d’Ivoire ; Les grandes lignes de la stratégie d’industrialisation de la Côte d’Ivoire »

 

  • Excellence Monsieur le Premier Ministre Mamady YOULA, représentant le Président de la République de Guinée, Président en exercice de l’Union Africaine,
  • Monsieur le Secrétaire Général de l’OCDE ;
  • Mesdames et Messieurs les Ministres;
  • Excellence Monsieur l’Ambassadeur Pierre Duquesne, Représentant permanent de France auprès de l’OCDE, Président du Comité Directeur du Centre Développement;
  • Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants du Corps Diplomatique,
  • Monsieur Mario Pezzini, Directeur du Centre de Développement de l’OCDE ;
  • Mesdames et Messieurs les Représentants des Partenaires Techniques et Financiers,
  • Mesdames et Messieurs les Présidents Directeurs Généraux, Directeurs Généraux et Directeurs des Entreprises du Secteur Privé ;
  • Mesdames et Messieurs les Représentants de la Société Civile ;
  • Honorables invités ;
  • Mesdames et Messieurs ;

Je voudrais de prime abord remercier les Organisateurs de cette importante rencontre et plus particulièrement Monsieur José Angel Gurria, Secrétaire Général de l’OCDE, et Monsieur Mario Pezzini, Directeur du Centre de Développement de cette organisation.

La réunion du Réseau des marchés émergents de l’OCDE sur l’Afrique, constitue une plateforme importante de réflexions et de propositions d’idées au service des décideurs tant du secteur public, des organismes multilatéraux que ceux du secteur privé. Je note avec grand intérêt que, cette année, les échanges porteront sur un thème fort à propos : « le futur de l’Afrique : industrialisation, technologies et entreprenariat ».

Et vos présences distinguées attestent du réel engagement du secteur privé à contribuer aux indispensables changements structurels du Continent africain. Comme souligné dans les sept perspectives contenues dans l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, et rappelés hier à l’ouverture de la 17ème édition du Forum Economique sur l’Afrique. Point n’est donc besoin de les énumérer une nouvelle fois.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Pour l’heure, il convient de souligner que l’industrialisation de l’Afrique, son essor technologique et entrepreneurial constituent des défis majeurs pour son émergence.

Cependant il nous faut relever des défis encore nombreux, complexes et urgents. Il s’agit de (i) l’éducation/formation pour disposer d’un capital humain bien formé, (ii) de la transformation structurelle des économies africaines, (iii) du développement des infrastructures, (iv) de la lutte contre l’insécurité et le terrorisme, (v) de la lutte contre le réchauffement climatique et (vi) du défi du financement adéquat de notre développement.

Ces défis ne diluent pas notre foi en l’avenir prospère de l’Afrique, bien au contraire. Ils traduisent plutôt que l’optimisme des Africains doit impérativement s’accompagner d’une volonté politique réformatrice forte, ainsi que d’une culture du travail intensif et bien fait, pour répondre avec responsabilité aux enjeux de notre siècle.

Au niveau des Etats, il est impérieux que les décideurs politiques accélèrent les réformes structurelles et sectorielles pour davantage de stabilité politique, car  il n’y a pas de progrès possible sans la paix. Nous devons nous engager de façon irréversible vers le renforcement de la qualité des institutions, de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption et l’amélioration continue du climat des affaires. 

Au plan multilatéral, il nous faut renforcer la coopération pour mieux lutter contre l’insécurité et le terrorisme, ce nouveau fléau du 21ème siècle ; et faire face au réchauffement climatique qui impacte négativement les rendements de notre agriculture encore fortement dépendant de la pluviométrie.

Par ailleurs, il faut saluer, en complément de la coopération Nord-Sud, le renforcement de la Coopération Sud-Sud qui permet de mobiliser de plus en plus des ressources concessionnelles pour financer les importants besoins en infrastructures du continent africain. C’est pourquoi, les initiatives des BRICS sont aussi à encourager et à amplifier.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

La Côte d’Ivoire, sous la haute égide du Président de la République, SEM Alassane OUTARRA, ambitionne de devenir « un pays émergent à l’horizon 2020 ».

D’importantes réformes structurelles et sectorielles sont mises en œuvre dans ce but et pour rendre notre économie plus compétitive. Elles ont permis à notre économie d’afficher un taux de croissance du PIB de 9 % en moyenne annuelle de 2012 à 2016. La Côte d’Ivoire figure ainsi dans le peloton de tête des pays ayant des taux de croissance économique les plus élevés dans le monde.

Ces réformes ont également favorisé une nette amélioration de l’environnement des affaires, à travers principalement la dématérialisation des actes administratifs, notamment en matière de procédures fiscales et de création d’entreprises. L’objectif visé est de faire et de maintenir le secteur privé comme le principal moteur de l’économie ivoirienne.

Elles ont permis la stabilisation du cadre macro-économique avec les caractéristiques suivantes :

  • un déficit budgétaire contenu à moins de 3 % au cours de la période 2012-2016, mais qui s’établirait à 4,5% du PIB en 2017 compte tenu des chocs internes et externes de 2017, avec une convergence vers la norme communautaire UEMOA de 3% du PIB en 2019;
  • un taux d’inflation maîtrisé à moins de 3 % ;
  • un endettement soutenable, avec un stock de dette représentant 42,5 % du PlB, contre une norme communautaire de 70 %.

L’un des axes stratégiques forts de notre politique est l’accélération de l’industrialisation de l’économie grâce notamment à l’innovation et au numérique.

En effet, le Président de la République de Côte d’Ivoire, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, en a fait une priorité pour accélérer la transformation structurelle de la Côte d’Ivoire. A l’occasion de la 5ème édition du Forum des Marchés Émergents tenue à Abidjan, le 26 mars 2017, il a indiqué, et je cite : « c’est par l’intégration de la science et de la technologie dans les modèles de production et d’organisation que l’Afrique saura faire face aux défis futurs, notamment ceux liés au réchauffement climatique, à la disponibilité d’énergie renouvelable abondante, à l’autosuffisance alimentaire, à la santé pour tous, à l’industrialisation et à l’emploi ».

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Il m’a été proposé de vous exposer les grandes lignes de la stratégie d’industrialisation de la Côte d’Ivoire. 

Je voudrais donc souligner que la politique industrielle de la Côte d’Ivoire vise à accroître de manière significative la contribution du secteur industriel dans la création de richesses et d’emplois stables et rémunérateurs. Il s’agit de porter la part du secteur industriel de 25 % du PIB en 2014 et 30 % actuellement, à 40% en 2020. Les axes de développement de cette politique concernent cinq domaines clés :

  1. la promotion de l’agro-industrie par la création de pôles agro-industriels insérés dans les chaînes de valeurs internationales (Palmier à huile, anacarde, coton-textile, cacao, café, hévéa, fruits et légumes, etc.). Nous visons une transformation plus poussée de nos produits agricoles. Il s’agit de transformer plus de 50% de nos produits agricoles à terme.
  2. La transformation des ressources naturelles non agricoles (mines, pétrole, gaz).
  3. La promotion des industries structurantes (Métallurgie et aciérie, cimenterie, chimie, etc.) ;
  4. Le développement de l’industrie des  produits de consommation (Textile, emballage, médicaments génériques, etc.) ;
  5. Le développement des industries manufacturières légères (Assemblage et montage, équipements, etc.).

En vue de rendre irréversible l’industrialisation de l’économie ivoirienne, le Gouvernement, sous la haute égide de SEM Alassane OUATTARA, Président de la République, met en œuvre d’importantes actions. Ces actions visent à développer l’esprit de créativité des Ivoiriens et l’innovation technologique au niveau de la jeunesse.

Un autre facteur important de réussite de notre politique d’industrialisation est le développement du capital humain. En effet, avec une proportion de 77,7% de la population qui a moins de 35 ans, l’éducation/formation est un élément de politique très fort.

En tout premier lieu, « l’Ecole obligatoire » pour tous les enfants de 6 à 16 ans a été instaurée, avec une attention particulière pour la scolarisation des jeunes filles.

L’enseignement supérieur est renforcé avec la rénovation, la modernisation et l’équipement des universités existantes, ainsi que la construction de trois nouvelles universités, ainsi que l’ouverture d’une université virtuelle offrant des cours à distance à 5000 étudiants pour la première année.

L’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-HB) de Yamoussoukro, classé Centre d’Excellence de la Banque Mondiale et l’Ecole Supérieure Africaine des Technologies de l’Information et de la Communication (ESATIC) permettent d’assurer la formation de l’élite en matière d’ingénierie et de nouvelles technologies.

L’accent est également mis sur le développement de la formation professionnelle et technique et des formations qualifiantes. Il s’agit avant tout de mettre en adéquation notre système de formation avec les besoins de main d’œuvre qualifiée des entreprises du secteur privé principalement. Je voudrais à cet effet relever que le Conseil Français des Investisseurs en Afrique (CIAN) a délivré, dans le cadre de son initiative de renforcement de la formation professionnelle dénommée RH Excellence Afrique, des certifications à trois établissements sélectionnés selon une procédure rigoureuse. Cela, il y a seulement trois jours à Abidjan.

Dans le secteur des technologies de l’Information et de la Communication, l’ambition de la Côte d’Ivoire est de bâtir une véritable économie numérique, en appui de sa politique industrielle. L’objectif est de faire passer la part des TIC dans l’économie ivoirienne de 7 à 8 % actuellement à environ 15 % à l’horizon 2030.

A cet effet, les actions mises en œuvre portent entre notamment sur :

  • la mise en place progressive d’un Réseau National Haut Débit à base de fibre optique de 7000 km d’ici fin 2018, dont 2000 km sont déjà réalisés;
  • l’opération « un citoyen, un ordinateur, une connexion internet » initiée par l’Agence Nationale du Service Universel des Télécommunications (ANSUT) ;
  • la création du Fonds d’Appui à la Recherche et à l’innovation doté d’un montant annuel de 500 millions de FCFA;
  • la création d’une zone franche de biotechnologie et des technologies de l’information et de la communication, le VITIB, notre future silicon Valley, sur un espace de 644 ha dont 180 ha déjà aménagés ;
  • le soutien régulier de l’Etat aux inventeurs et innovateurs à travers la prise en charge de 80 % des coûts de protection des inventions et innovations.

Cette impulsion technologique dans notre économie accompagne également le développement d’infrastructures et de plateformes logistiques structurantes pour faciliter les investissements privés. La Côte d’Ivoire entend se doter de nouvelles zones industrielles modernes, développer les ports et aéroports, réaliser de nouvelles routes et autoroutes à péage, etc.

  • Excellences, Mesdames et Messieurs

La Côte d’Ivoire est aujourd’hui « une terre d’opportunités et d’investissements » adossés sur le Plan National de Développement (PND) 2016-2020 d’un montant de 60 milliards de dollars US, avec lequel la Côte d’Ivoire ambitionne d’obtenir le statut de pays émergent en 2020.

Ces projets porteurs et rentables couvrent de nombreux secteurs prioritaires notamment, l’agriculture, l’agro-industrie et l’agro-alimentaire, l’énergie, les mines, le pétrole, les TIC, l’eau potable, la santé, le Tourisme et l’Hôtellerie.

Dans le domaine énergétique, en particulier, l’objectif est de faire de notre pays un hub énergétique régional en portant la capacité installée en électricité de 2000 MW à ce jour à 4000 MW en 2020. La part des énergies renouvelables (y compris l’hydroélectricité passera de 35% en 2015 à 65% en 2020 

Pour Favoriser la diversification de l’économie, les investissements par le secteur privé national et international, la Côte d‘Ivoire s’est dotée :

  • d’un cadre institutionnel pour les PPP renforcé par une loi dont le projet a bénéficié du concours de la Banque Mondiale.
  • d’un Code des investissements plus attractifs en 2012 ;
  • d’un Code minier en 2014 ;
  • d’un Code de l’électricité en 2014.
  • d’un Code pétrolier a été, quant à lui, réaménagé en 2012.

Excellences, Mesdames et Messieurs

Nous sommes convaincus que l’industrialisation ne peut se réaliser sans un entreprenariat dynamique et audacieux.

C’est pourquoi, la stratégie de développement des PME ivoiriennes, dénommée « Programme Phoenix pour les PME », d’un montant de 131,1 millions d’euros (86 milliards FCFA), sur la période 2015 - 2020, vise la création ou l’entrée dans le formel de 50.000 à 60.000 PME, avec pour objectif d’avoir un tissu de PME dense et solide de 100.000 à 120.000 PME à l’horizon 2020/ 2025 (soit un doublement du nombre de PME).

Un programme de soutien à l’entreprenariat féminin est également mis en œuvre et financé par le Fonds d’Appui aux Femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI), d’un montant initial d’Un million Cinq Cent Mille Euros (1 milliard FCFA) porté progressivement à 15 millions d’Euros (10 milliards FCFA). Il a pour objectif de financer l’auto-emploi ou le développement des activités de plus de 120.000 femmes.

 Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je voudrais clore mes propos en vous réitérant la détermination du Gouvernement ivoirien de faire du secteur privé, national et international, le principal moteur de la croissance économique. La Côte d’Ivoire est  résolument déterminée à garantir ce rôle sur le long terme, grâce notamment à des institutions crédibles et fortes.

Je suis convaincu que la réunion de ce jour permettra d’enrichir cet important débat sur les enjeux industriels, technologiques et de l’entreprenariat en Afrique.

Je voudrais à cet effet, souhaiter que nos pays montrent un engagement plus ferme à financer la recherche, la science et l’innovation technologique à travers l’allocation de ressources budgétaires plus conséquentes. Chaque pays pourrait progressivement affecter 1% de son budget à l’innovation, avec l’ambition d’atteindre 1% du PIB à plus long terme. La mise en place de partenariats publics-privés peut contribuer à lever, en partie, cette contrainte et accélérer le développement de l’innovation industrielle et technologique.

Je vous remercie de votre aimable attention.

 

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