CONFERENCE REGIONALE AFRIQUE DE L’ASSOCIATION INTERNATIONALE DES FEMMES JUGES - DISCOURS DE SEM DANIEL KABLAN DUNCAN VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

CONFERENCE REGIONALE AFRIQUE DE L’ASSOCIATION INTERNATIONALE DES FEMMES JUGES - DISCOURS DE SEM DANIEL KABLAN DUNCAN  VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

CONFERENCE REGIONALE AFRIQUE DE L’ASSOCIATION INTERNATIONALE DES FEMMES JUGES – DISCOURS DE SEM DANIEL KABLAN DUNCAN VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

• Monsieur le Garde des Sceaux, Ministre ivoirien de la Justice et des Droits de l’Homme ;

• Madame le Secrétaire d’Etat auprès du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, chargé des Droits de l’Homme ;

• Monsieur le Secrétaire d’Etat au Ministère de la Justice, du Culte et des institutions Pénitentiaires de Guinée Equatoriale ;

• Mesdames et Messieurs les Ministres ;

• Madame Hanna Ruiz, Présidente de l’Association Internationale des Femmes Juges ;

• Madame la Présidente du Conseil d’Administration de l’Association des Femmes Magistrats de Côte d’Ivoire (AFEMCI) ;

• Mesdames et Messieurs les Chefs de Juridictions et les membres de la famille judiciaire ;

• Monsieur le Président de la Commission de l’UEMOA ;

• Madame la Présidente de la Cour de Justice de l’UEMOA ;

• Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants du corps diplomatique ;

• Madame la Représentante du Maire de la Commune de Cocody ;

• Madame la Vice-Présidente du Sénat, marraine de l’AFEMCI ;

• Mesdames et Messieurs les Elus ;

• Distingués invités ;

• Chers amis des médias ;

• Mesdames et Messieurs ;

C’est avec un grand honneur et un réel plaisir que je représente S.E.M Alassane OUATTARA, Président de la République, dans cette auguste assemblée. Il s’agit d’une importante rencontre où les Femmes Juges de Côte d’Ivoire accueillent leurs homologues d’Afrique et des autres continents, avec lesquelles elles ont entrepris de fédérer leurs expertises et initiatives à travers l’Association Internationale des Femmes Magistrats.

Je voudrais donc, en son nom, vous souhaiter le traditionnel ‘’AKWABA’’ c’est-à-dire la cordiale bienvenue à Abidjan, perle des lagunes et capitale économique de la Côte d’Ivoire.

Je tiens également à traduire aux initiatrices de cette conférence, toute ma reconnaissance pour avoir choisi Abidjan pour abriter cette importante rencontre du monde judiciaire visant à améliorer la conduite des procédures grâce à la coopération, à l’entraide et à la solidarité.

Bravo donc à l’Association des Femmes Magistrats de Côte d’Ivoire (AFEMCI) qui, après trois ans d’existence, se voit confier le projet de création de la zone AFRIQUE FRANCOPHONE, de l’Association Internationale.

Je voudrais aussi faire une mention spéciale de Madame Hanna RUIZ, Présidente de l’Association Internationale des femmes juges, que je salue pour son leadership et pour sa présence effective et distinguée.

• Excellences, Mesdames et Messieurs,

L’intérêt de cette Conférence de haut niveau organisée du 3 au 7 juin 2019 sur le thème de « l’entraide, la coopération judiciaire, entre les Femmes Juges pour la mise en œuvre des normes juridiques sous régionales, régionales et internationales », été bien perçu par son Excellence Monsieur le Président de la République, pour qui la Justice représente « la clé de voûte de l’édifice social ».

Il a été également prévu, au cours de ces assises, de réfléchir aux questions relatives à la criminalité financière, à la protection des personnes vulnérables et au développement du genre.

Je voudrais donc vous adresser les félicitations de Monsieur le Président de la République pour le parti que vous avez pris de créer cette plateforme d’échanges d’expériences et de bonnes pratiques, afin de permettre aux praticiens appartenant à des systèmes judiciaires différents de renforcer leurs collaborations, en faisant appel aux mécanismes prévus par les conventions ratifiées par leurs pays respectifs.

• Excellences, Mesdames et Messieurs ;

La coopération et l’entraide judiciaires se réalisent conformément aux dispositions des instruments internationaux propres au domaine juridique concerné. Leur nécessité n’est plus à démontrer et leur efficacité repose sur la compétence de tous les magistrats.

Cependant, il importe de reconnaître qu’à côté de la grande rigueur dont elles font preuve, les femmes sont dotées d’une sensibilité qui facilite les réponses apportées aux problèmes les plus délicats.

Prenant en compte cette spécificité, nous observons que les femmes, en général, peuvent et doivent davantage aider à relever les nombreux défis auxquels notre continent doit faire face. Plus spécifiquement, les femmes magistrats doivent pouvoir contribuer à aider nos Etats à intégrer complétement les systèmes mondiaux partageant les bonnes pratiques juridiques, et leur permettre ainsi d’entrer dans la catégorie des Pays dits « coopératifs ».

Il est donc urgent pour les Etats africains d’envisager de porter leur contribution aux demandes d’entraide et de coopération judiciaire mondial à une part beaucoup plus significative.

La poursuite de cette dynamique nécessite, il est vrai, des financements importants, soutenus notamment par un système financier efficace, innovant et compétitif, permettant de lever des ressources conséquentes aux meilleurs coûts.
Cela se traduit par la nécessité pour l’Afrique de disposer d’un capital humain bien formé, en bonne santé et en pleine possession de ses capacités tant intellectuelles que physiques.

Sur cette question du capital humain et en ce qui concerne la Côte d’Ivoire, des mesures importantes sont mises en œuvre par le Gouvernement ivoirien. Elles concernent notamment :

• le renforcement des investissements dans les infrastructures éducatives pour permettre l’effectivité de l’éducation obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans, et la promotion de la scolarisation des jeunes filles avec la construction de lycées avec internats qui leur sont dédiées;

• le programme de filets sociaux productifs basé sur les transferts monétaires qui permet à 50 000 ménages en bute à une pauvreté plus accentuée de recevoir des revenus réguliers ;

• l’accès à l’eau potable pour tous à prix modéré ;

• l’électrification de tous les villages de plus de 500 habitants d’ici fin 2019/début 2020 ;

• l’éducation et l’alphabétisation pour tous et un meilleur accès à l’information grâce au programme « un citoyen, un ordinateur, une connexion internet » ;

• la mise en place d’un système de santé d’excellence et de proximité et l’extension effective de la Couverture Maladie Universelle ;

• le programme de construction de logements sociaux ;

• l’amélioration de la représentation des femmes dans les Assemblées élues, à travers l’obligation faite aux partis politiques de réserver un quota minimum de 30% de femmes sur le nombre total de candidats présentés ;

• la promotion d’une plus grande représentativité des femmes dans les instances de décisions, y compris à la tête des hautes juridictions. A ce niveau, la Côte d’Ivoire s’honore d’avoir, à plusieurs reprises, confié le Département de la Justice et des Droits de l’Homme à des Dames, notamment :

- le Professeur Jacqueline OBLE-LOHOUES,
- le Professeur Henriette DIABATE,
- le Juge Loma Mato CISSE, et
- le Juge Badjo EZOUEYOU actuel Procureur Général près la Cour Suprême en remplacement de Madame N’GUESSAN-ZEKRE HADDAD, Présidente de l’AFEMCI.

En outre et actuellement :

1. la Cour de Cassation est présidée par une dame, Madame CAMARA Chantal ;
2. l’Institut National de Formation Judiciaire est dirigée par un des membres de l’AFEMCI, Madame Delphine Macouéni CISSE ;
3. la Cour de l’UEMOA est présidée par Madame Joséphine EBAH.
Par ailleurs, selon les données de l’Ecole de la magistrature de l’INFJ, on compte :
- 28,98% de femmes sur 683 magistrats ;
- 28,11% de femmes sur 569 avocats ;
- 60% de femmes sur 215 notaires.

Il vous revient donc Mesdames d’identifier et de proposer les moyens à mettre en œuvre pour davantage de promotion des jeunes femmes aux fonctions judiciaires.

• Excellences, Mesdames, Messieurs ;

Le développement durable et inclusif représente une priorité forte pour les pays africains, comme préconisé par l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Il est, pour cette raison, inscrit au cœur des stratégies de développement portées par la vision de l’émergence.
En ce sens, nos économies doivent, au-delà des bonnes performances de cette dernière décennie, lutter contre les grandes difficultés et les grandes disparités, notamment en matière d’appropriation des instruments juridiques internationaux en vue d’harmoniser les pratiques des institutions judiciaires.

Je me félicite donc de la forte volonté d’actions qui s’amorce à travers cette importante conférence.
Je voudrais me permettre de vous inviter à identifier les nouvelles actions à mettre en œuvre, à l’échelle continentale, dans le cadre d’une convergence des politiques juridiques et judiciaires.

C’est pourquoi, je salue l’initiative de mise en place du chapitre francophone de l’AIFJ, afin d'intégrer les systèmes de droit civiliste dans les juridictions de la région Afrique.

Il est entendu que pour pérenniser cette intégration et aboutir à la construction de l’espace judiciaire africain, il est impératif de rechercher les moyens de réussir le pari sur le capital humain, capable de s’adapter aux changements constants des méthodes et procédures au plan international et de s’approprier les nouvelles technologies.

Au moment où les Etats africains ont institué la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZELCA), l’opportunité se présente pour les femmes juges de réfléchir aux mécanismes juridiques et judiciaires pouvant contribuer à réguler et à dynamiser ce vaste marché.
Je note que l’attente principale de l'AFEMCI s’inscrit dans la vision de coopération régionale qui vient d’être exprimée, à savoir un projet de création de l'Agence Africaine des Magistrats de Liaison, qui permettra de faciliter la coopération et l'entraide judiciaire entre les pays de la Région africaine.

Cette agence pourrait, entre autres, comme vous l’envisagez, réfléchir à l'élaboration d'outils communautaires de coopération (Ex mandat d'arrêt africain) et à la mise en place d'AFRIJUST.

Au regard de la qualité des participants à ces assises, je reste convaincu que vos réflexions aboutiront à des solutions innovantes et pratiques, utiles pour soutenir le développement économique et social de notre cher continent. Nous les attendons donc avec impatience.
D’ores et déjà, je puis vous donner l’assurance que l’Etat de Côte d’Ivoire vous apportera, à travers Monsieur le Garde des Sceaux, le soutien institutionnel nécessaire pour l’atteinte de vos objectifs.

C’est dans l’attente des recommandations que je voudrais clore mon propos, en vous souhaitant à toutes et à tous, un excellent séjour en Côte d’Ivoire et plein succès à vos travaux.

Sur ce, je déclare, au nom du Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, ouverte la Conférence Régionale Afrique de l’Association Internationale des Femmes Juges, session 2019.
Je vous remercie pour votre aimable attention.

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