ALLOCUTION DE SEM. DANIEL KABLAN DUNCAN, VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE-SOMMET PRESIDENTIEL SUR LE FINANCEMENT DE LA SANTE, LE JEUDI 18 AVRIL 2019 AU PALAIS DES CONGRES DU SOFITEL HOTEL IVOIRE

ALLOCUTION DE SEM. DANIEL KABLAN DUNCAN,   VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE-SOMMET PRESIDENTIEL SUR LE FINANCEMENT DE LA SANTE, LE JEUDI 18 AVRIL 2019 AU PALAIS DES CONGRES DU SOFITEL HOTEL IVOIRE

ALLOCUTION DE SEM. DANIEL KABLAN DUNCAN, VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE-SOMMET PRESIDENTIEL SUR LE FINANCEMENT DE LA SANTE, LE JEUDI 18 AVRIL 2019 AU PALAIS DES CONGRES DU SOFITEL HOTEL IVOIRE

 Monsieur le Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique ;
 Mesdames et Messieurs les Ministres ;
 Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants du Corps Diplomatique ;
 Mesdames et Messieurs les Représentants des Institutions de la République ;
 Monsieur le Directeur Exécutif du Fonds Mondial ;
 Madame l’Ambassadrice pour la Santé Mondiale;
 Madame la Directrice Générale du Global Financing Facility (GFF) ;
 Madame la Directrice Pays de l’Onusida ;
 Mesdames et Messieurs les Représentants des Partenaires Techniques et Financiers du secteur de la santé ;
 Mesdames et Messieurs les Représentants du Secteur Privé ;
 Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations de la Société Civile ;
 Mesdames et Messieurs les Directeurs Généraux et Directeurs Centraux de l’Administration Publique et du
Secteur Privé;
 Mesdames et Messieurs les Professionnels de la Santé ;
 Honorables Invités ;
 Chers amis des Medias ;
 Mesdames et Messieurs.

Je voudrais, avant tout propos, souhaiter, au nom du Président de la République, S.E.M Alassane OUATTARA, empêché, le traditionnel « AKWABA », c’est-à-dire la cordiale bienvenue en terre ivoirienne, à toutes les personnalités présentes ce jour, à l’occasion de ce Sommet Présidentiel consacré au financement de la santé en Côte d’Ivoire.

Je voudrais (à juste titre) remercier l’ensemble des Pays Amis et des Partenaires Techniques et Financiers, notamment : l’OMS, la Banque Mondiale, le Fonds Mondial pour la lutte contre le Sida, le Paludisme et la Tuberculose et l’ONUSIDA, pour leur soutien constant dans la mise en œuvre des programmes dans le secteur de la santé.

 Excellences, Mesdames, Messieurs.

Ces assises se situent dans un contexte international où les Partenaires Techniques et Financiers ont convenu unanimement d’une nouvelle stratégie mondiale qui consiste à l’arrêt progressif du financement des programmes de santé des pays à revenus intermédiaires, afin de réserver beaucoup plus de financement à ceux jugés plus vulnérables.

Il est à rappeler que grâce à d’importantes réformes structurelles et sectorielles menées depuis l’accession en mai 2011 à la magistrature suprême du Président de la République, SEM Alassane OUATTARA, la Côte d’Ivoire a connu une forte croissance moyenne par an, entre 2012 et 2018, autour de 8%. Notre pays a enregistré un PIB par habitant de 1 590 dollars US en moyenne annuelle de 2016 à 2018.

Elle a ainsi l’avantage d’être classée, grâce à ses performances économiques, dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire.

Mais ce qui se traduit par un inconvénient pour notre pays : un changement de ses conditions d’accès à l’aide extérieure. Déjà deux partenaires importants, GAVI et le Fonds Mondial, indiquent qu’ils vont réduire leurs appuis à l’horizon 2020.

C’est dans ce contexte, que lors de la conférence pour le réapprovisionnement du fonds Fiduciaire du mécanisme de financements mondial en soutien à chaque femme, chaque enfant, Global Financing Facillity en abrégé GFF, tenue les 5 et 6 novembre 2018 à OSLO, en Norvège, la Côte d’Ivoire s’est engagé à :
a) Finaliser et adopter en interne, un « Document d’investissement » reprenant les principales stratégies et priorités de sa politique de santé ;
b) Organiser un « Dialogue National » sur le financement de ce programme.

Je voudrais indiquer que si ce dossier d’investissement national est mis en œuvre, il permettrait d’une part de combler une importante partie du déficit de financement dans le système de soins primaires et d’autre part, d’améliorer les résultats en matière de santé, principalement pour les mères et les enfants.

Je me félicite donc de l’organisation de cette plateforme dite « Dialogue National » sur le financement de la santé qui réunit toutes les parties prenantes. A savoir :
 L’Etat et les Collectivités locales
 Les Partenaires Techniques et Financiers
 Le Secteur Privé
 La Société Civile

Il est à souligner que « Le dialogue national s’est tenu du 15 au 17 avril 2019 et le Sommet Présidentiel se tient ce 18 avril 2019 ».

Cette plateforme a permis au cours ces trois jours de réflexion d’examiner en profondeur le dossier d’investissement en vue de dégager les axes prioritaires de financement du secteur de la santé.

 Excellences, Mesdames et Messieurs

La Côte d’Ivoire, l’une des cinq économies ayant le plus fort taux de croissance au monde selon la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, est confrontée à des défis majeurs en matière de santé publique.

En effet, on note que, suite à la grave crise décennale que notre pays a traversée entre 2000 à 2010, et malgré les efforts importants efforts déjà effectués, l’Enquête de Démographie et Santé 2012 et l’Enquête par Grappe à Indicateurs Multiple de 2016, qu’en Côte d’Ivoire :
• l’Espérance de vie qui est de 55 ans, est le5ème plus faible au monde,
• l’Indice du Capital Humain est le 9ème plus faible au monde,
• le Taux de mortalité maternelle qui est de 614 décès pour 100 000 naissances vivantes, est le 12ème plus élevé au monde.
• le Taux de mortalité qui est de 128 décès pour 100 000 habitants, est le 11ème plus élevé au monde. Ce taux pourrait être évité grâce à des soins de santé de haute qualité.

Pour relever ces importants défis, l’Etat Ivoirien mène beaucoup d’efforts en matière de financement de la santé.

En effet, sur la période 2014-2016, il a financé trois mille milliards de FCFA (3000 Mds) soit environ six milliards de dollars US, ce qui correspond à un financement de 68 dollars US par habitant, le taux le plus élevé dans la zone UEMOA.

Cependant, il faut souligner les actions mises en œuvre qui ont permis d’atteindre des résultats encourageants, qui sont :
Le taux de mortalité infantile est passé de 104,1 à 67,8 décès pour 1 000 naissances vivantes,
Le taux de mortalité néonatale a faiblement baissé durant ces dix dernières années, passant de 45 décès
Au niveau de la lutte contre le VIH-SIDA :

• La prévalence en Côte d’Ivoire est passée de 4,7% en 2005 à 3,7% en 2012 selon l’EDS 2012.
• Selon les études et les estimations de l’ONUSIDA, la prévalence est autour de 2,7%.
• Les nouvelles infections et les décès ont respectivement connu une baisse de 68% et 43% de 2000 à 2016 (MICS 2016).

Donc, en dépit de ces importants efforts déployés, les indicateurs encore bas observés dans le secteur de la santé nous invitent à relever encore le niveau des dépenses publiques et à mieux les orienter, en particulier en direction des soins de santé primaire.

En effet, nous constatons que :
• 15-20% du budget global alloué au secteur de la santé est affecté aux soins de santé primaire.
• Les ménages financent 42% des dépenses en santé directement ce qui est inéquitable et inefficient.
• 70 % du budget du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique est consacré aux salaires et aux fonds de fonctionnement. Les coûts restants ne suffisent pas à couvrir les investissements.
• Un quart (1/4) des dépenses totales en santé sont couverts par le Gouvernement.
• 5,9% du budget national est consacré à la santé contre 15% préconisé par la réunion des Chefs d’Etat africains à Abuja.

 Excellences, Mesdames et Messieurs

Il ressort ainsi que, le dossier d’investissement national qui vous a été présenté durant ce Sommet, est un outil qui vise à combler les déficits de financement et à renforcer le système de santé, avec l'augmentation du financement public et l'alignement des dépenses des Partenaires de Développement. L’objectif recherché est de rendre le secteur de la Santé totalement efficient et efficace.

D’ores et déjà, le Gouvernement met en œuvre d’importantes actions en vue d’améliorer l’accès de la population aux soins de santé notamment, la mise en œuvre de la Couverture Maladie Universelle(CMU) dont la généralisation est prévue après la phase pilote encours auprès de 150 000 étudiants à travers le pays.

En outre, le Gouvernement ivoirien vient d’adopter un Programme Social Gouvernemental (PSG) d’un coût total de 727, 5 milliards de FCFA (soit 1451 millions de dollars US) visant entre autres à accélérer l’amélioration du secteur de la santé.

Par ailleurs, notre pays, dans ses efforts pour atteindre les Objectifs de Développement Durable en particulier l’ODD2 relatif à l’élimination de la faim et de la malnutrition, a fait de la lutte contre la malnutrition et la faim, une priorité nationale. Cette vision s’est traduite dans les Plans Nationaux de Développement (PND) de 2012-2015 et de 2016-2020. A cet effet, le Plan Multisectoriel de la Nutrition a été élaboré et est mis en œuvre avec un financement de 470 millions de dollars (267 milliards FCFA).

Dans sa volonté de renforcer les acquis dans le cadre de la lutte contre la faim et la malnutrition et d’impulser en Afrique une coopération régionale forte dans cette lutte, le Gouvernement ivoirien vient de mettre en place en partenariat avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM), le 25 Mars 2019, le Centre d’Excellence Régional contre la Faim et la Malnutrition (CERFAM).

 Excellences, Mesdames et Messieurs.

Au terme de vos travaux, je voudrais vous dire que le Gouvernement ivoirien confirme sa forte volonté de redynamiser son système de santé, en vue de garantir le bien–être de ses populations.
C’est à ce titre, que je voudrais confirmer les engagements majeurs pris par le Gouvernement ivoirien :
1. d’une part, à Oslo, qui est d’assurer un accroissement des ressources internes d’au moins 15% annuellement en faveur de la santé.
Ce qui nous permettra d’amorcer la tendance vers l’atteinte des objectifs fixés par les Chefs d’Etats Africains, d’aller à 15% du budget national alloué au financement de la santé.

2. d’autre part, de contribuer à hauteur de 1,5 million de dollars US, à la reconstitution des fonds du Mécanisme de Financement Mondial en soutien à chaque femme et chaque enfant,.

Il faut souligner que ces efforts budgétaires et financiers se situent dans un contexte de convergence du déficit global à 3%du PIB.

La nécessité de cette maîtrise budgétaire pour maintenir un cadre macro-économique viable, est une contrainte importante à l’effort de l’Etat en vue de rendre le système de santé efficient et efficace.

 Excellences, Mesdames et Messieurs

En effet, le dossier d’investissement qui nous a été présenté ce jour, indique que le besoin de financement des investissements, de 2020 à 2023, se chiffre à 1658 milliards de Francs CFA soit 3,3 milliards de dollars US ; avec un effort important en direction des soins de santé primaire à hauteur de 61,5%.

Il a été également été indiqué que si ce programme d’investissement est mis en œuvre, il comblerait une part importante du déficit de financement dans le système de soins primaires et améliorerait les résultats en matière de santé, principalement pour les mères et les enfants.

Il est donc important, dans cette phase transitoire, avant le retrait des Partenaires Techniques et Financiers, de renforcer les mécanismes de financement du secteur de la santé, en plus des financements classiques (le budget, l’Aide Publique au Développement et les appuis des PTF).
Par ailleurs, il nous faut mettre en place un cadre incitatif compétitif pour attirer le Secteur Privé afin d’investir conséquemment dans le secteur de la santé.

A cet effet, le Gouvernement a décidé :

1. de l’éligibilité du secteur de la santé au nouveau code national des investissements,
2. du renforcement du Partenariat-Public-Privé dans le secteur de la santé,
3. et d’accélérer l’aménagement de la Zone franche qu’est le Village des Technologies de l’Information, de la Communication et des Biotechnologies, le VITIB, situé à Grand-Bassam.

Ces réformes favorisent un environnement des investissements privés très incitatif, avec d’importants avantages fiscaux, des facilitations et des simplifications dans le secteur de la santé.

Mais ce cadre national doit être consolidé par la mise en place de mécanismes financiers innovants au plan international.
Il convient donc de souligner l’initiative prise par la Banque Mondiale de se servir d’une quote-part de l’IDA, notamment l’IDA 18, comme levier d’accroissement des financements privés.

Je voudrais à l’instar de ce mécanisme mis en place par la Banque Mondiale que je tiens à saluer ici, lancer un appel à la Communauté internationale, comprenant les Partenaires bilatéraux et multilatéraux, en suggérant, qu’une partie de l’Aide publique au Développement (APD) servent de levier et de catalyseur pour mobiliser les financements privés recherchés.

Par ailleurs, au-delà des investissements matériels, il nous faut investir massivement dans la Formation du Capital Humain, car comme l’a dit le philosophe français Jean BODIN, et je cite : « il n’est de richesse que d’Homme ». Fin de citation. A notre sens il faut donc investir massivement dans la formation aux différents métiers de la santé en vue de relever les défis.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

La Côte d’Ivoire est la première économie de l’Union Economique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) avec plus de 120 millions d’habitants, et une des toutes premières économies de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui comprend plus de 350 millions d’habitants.

Elle a su s’ériger comme un Hub économique sous régional.

Il s’agit d’une vocation qu’il convient de souligner.

Elle veut ainsi retrouver, à terme, son rôle, de Hub régional de traitement des spécialités, notamment:
- la cardiologie,
- l’oncologie,
- les neurosciences,
- la thalassothérapie
Un des objectifs recherché est d’éviter des évacuations sanitaires onéreuses.

 Excellences, Mesdames et Messieurs

Avant de clore mon propos, je voudrais réitérer mes vifs remerciements à tous les Partenaires Nationaux, Bilatéraux et Internationaux pour leur participation effective et constructive à cette importante rencontre.

Ensemble, nous avons pris des engagements, j’invite donc, tous les acteurs ici réunis, de se les approprier ; et surtout d’en assurer un suivi-évaluation. Le Gouvernement, à travers le ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, devrait dans ce sens fédérer ces engagements et les optimiser avec le concours de tous.

Je tiens à féliciter les organisateurs, et particulièrement le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, pour la bonne organisation de cette plateforme de dialogue national sur le financement de la santé en Côte d’Ivoire qui se conclut ce jour par le Sommet Présidentiel.

Je vous félicite également tous pour les engagements pris à l’occasion de cette rencontre. Ils feront l’objet d’un examen approfondi par le Gouvernement en Conseil des Ministres pour les adopter en vue de donner une nouvelle et très forte impulsion au Secteur de la Santé.

Avec cet espoir, Je déclare clos, au nom du Président de la République, S.E.M Alassane OUATTARA, le Premier Sommet Présidentiel sur le financement de la santé en Côte d’Ivoire.

Je vous remercie de votre aimable attention.

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