ALLOCUTION DE SON EXCELLENCE MONSIEUR LE VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE- Salon de l’Epargne, de l’Investissement et du Patrimoine sur le thème : « L’importance de l’épargne pour l’émergence économique »

ALLOCUTION DE SON EXCELLENCE MONSIEUR LE VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE- Salon de l’Epargne, de l’Investissement et du Patrimoine sur le thème : « L’importance de l’épargne  pour l’émergence économique »

ALLOCUTION DE SON EXCELLENCE MONSIEUR LE VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE- Salon de l’Epargne, de l’Investissement et du Patrimoine sur le thème : « L’importance de l’épargne pour l’émergence économique »

- Monsieur le Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre chargé du Budget et du Portefeuille de l’Etat, représentant Monsieur le
Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
- Monsieur le Premier Ministre Lionel Zinsou, Président de SOUTHBRIDGE ;
- Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs ;
- Monsieur le Ministre, Gouverneur du District autonome d’Abidjan ;
- Monsieur le Président du Conseil Régional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) ;
- Monsieur le Directeur Général de la Bourse Régional des Valeurs Mobilières (BRVM) ;
- Monsieur le Directeur Régional d’ECOBANK
- Madame la Directrice Générale du Groupe ADDICT ;
- Monsieur le Directeur Général du Trésor et de la comptabilité publique ;
- Madame la Vice-Présidente de l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI) ;
- Monsieur le Président de l’Association des Sociétés d’Assurance de Côte d’Ivoire (ASA-CI) ;
- Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Professionnelles du Secteur Privé ;
- Mesdames et Messieurs les Chefs d’Entreprises et Opérateurs Économiques ;
- Honorables invités ;
- Chers amis des Médias ;
- Mesdames et Messieurs,

C’est avec un très grand intérêt que je prends part, ce jour, à la cérémonie d’ouverture du premier Salon dédié à l’épargne, aux investissements et au patrimoine. Cet intérêt se justifie par l’importance de l’épargne pour le développement de toute économie moderne.

C’est à ce titre que ce sujet a toujours fait l’objet d’une attention toute particulière du Président de la République, S.E.M Alassane OUATTARA, et du Gouvernement ivoirien, avec à sa tête le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly que je salue à travers la présence distinguée du Secrétaire d’Etat chargé du Budget et du Portefeuille de l’Etat.

Je me félicite donc cette initiative, ainsi que des perspectives qu’elle nous offre pour identifier des modalités novatrices de mobilisation de ressources afin de couvrir nos importants besoins en financements, notamment pour le secteur privé.

Je voudrais, à cet effet, adresser au nom du Président de la République, nos vives félicitations aux organisateurs, à savoir le Groupe ECOBANK et le groupe ADDICT.

Je souhaite le traditionnel « AKWABA », c’est-à-dire la cordiale bienvenue à toutes les personnalités venues de l’extérieur pour s’associer à ce grand évènement.
J’associe à ces remerciements tous les acteurs institutionnels du Marché financier régional, notamment le Conseil Régional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) et le Dépositaire Central et Banque de Règlement (DC/BR), la BRVM dont je me félicite du dynamisme de plus en plus accru.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

A travers ce salon, la Côte d’Ivoire se positionne comme le creuset d’une réflexion approfondie sur une problématique qui demeure au cœur des préoccupations des dirigeants politiques et des économistes du développement.

En effet, le thème de « l’importance de l’épargne pour l’émergence économique » traduit la corrélation étroite entre l’épargne et le taux de croissance économique des Etats, à travers notamment le taux d’investissement.

Selon le Fonds Monétaire International (FMI), en 2017, le taux d’épargne dans la zone Euro était de 22 % contre 40,8 % pour les pays asiatiques, de 17,5 % pour les pays d’Amérique latine, tandis que l’Afrique subsaharienne se situe autour de 16 %.

Pour la Côte d’Ivoire, ce taux s’établit à 15 % du PIB en 2017.
Excellences, Mesdames et Messieurs,

Cependant, la Côte d’Ivoire s’est résolument engagée dans le processus de transformation structurelle de son économie conformément à la grande ambition du Président de la République, S.E.M Alassane OUATTARA de « faire de la Côte d’Ivoire notre pays, un pays émergent à l’horizon 2020 ». A cet égard, elle a exécuté, avec grand succès, un Plan National de Développement (PND) 2012-2015 d’un montant de 11 076 milliards de FCFA, suivi d’un second plan, PND 2016-2020, adossé à un important programme d’investissement de 30.000 milliards de FCFA dont 62,5 % à financer par le secteur privé.

C’est dans ce contexte que le Gouvernement réalise d’importantes réformes structurelles et sectorielles qui ont permis à la Côte d’Ivoire d’obtenir un taux de croissance économique annuel moyen de 9 % de 2012 à 2016 et de 7,8 % en 2017. Pour la période de 2018-2020, il est attendu de maintenir cette forte croissance avec un taux moyen annuel de 8 %, ce qui permettra à la Côte d’Ivoire de consolider son statut de « pays pré-émergent », ou « pays frontière de l’émergence », ainsi qu’elle est déjà perçue par la Bourse de Londres, le London Stock Exchange.
Pour atteindre cet objectif majeur, la problématique du financement du secteur privé en général et des PME en particulier constitue un enjeu prioritaire.

En effet, la poursuite de cette dynamique économique nécessite des financements importants, soutenus notamment par un système financier efficace, innovant et compétitif, permettant de lever des ressources conséquentes aux meilleurs coûts. Selon le FMI, en hissant son indice de développement financier (c’est-à-dire la contribution du secteur financier au développement de l’économie) au niveau de celui du Cap-Vert ou de la Namibie par exemple, la croissance économique ivoirienne pourrait gagner 2,4 points supplémentaires. Mieux encore, si cet indice atteignait celui de l’Afrique du Sud, cette croissance pourrait être augmentée 5,1 points.

Ces indicateurs révèlent que la situation de l’épargne en Côte d’Ivoire n’est pas satisfaisante pour financer les énormes besoins de l’économie, compte tenu de la faible capacité des institutions financières formelles à capter une plus grande partie de l’épargne notamment celle des particuliers.

En effet, il est noté qu’une large part de la population ivoirienne se situe hors des circuits de financements formels et que près de 70 % des Ivoiriens ne disposent pas d’un compte bancaire. Et seulement 15 épargnants sur 100 utilisent un compte bancaire, alors que ce ratio est en moyenne de 25 en Afrique Sub-saharienne. Une étude menée par l’OCDE en 2015 faisait également ressortir la faiblesse du niveau des dépôts collectés. Ainsi, ces dépôts représentent seulement 32 % du PIB en Côte d’Ivoire contre 87 % du PIB au Maroc. La même étude montre qu’en Côte d’Ivoire, seuls les dépôts des salariés du secteur formel ayant des revenus mensuels compris au moins entre 300.000 FCFA et 400.000 FCFA correspondent à des opérations jugées rentables pour les banques. Ceci alors même qu’un sondage auprès des consommateurs révélait que les Ivoiriens avaient de plus en plus le réflexe et le goût de l’épargne pour des motifs divers tels que l’immobilier et la création d’entreprise (23 % des répondants), l’éducation des enfants (19 %), ou encore la période de vieillesse (12 %).

A y regarder de très près, l’on peut identifier deux causes principales qui expliquent les freins pour mobiliser l’épargne des particuliers :
1. une offre de produits d’épargne peu adaptés et peu diversifiés ;
2. l’absence ou l’insuffisance d’actions concertées orientées vers l’éducation financière, et particulièrement l’éducation à l’épargne.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Face à ces enjeux, et pour réussir son émergence, le système financier ivoirien et même régional devra être plus performant et plus inclusif. Il devra également davantage se diversifier et améliorer son accès, son efficience et sa stabilité. Le grand défi est d’augmenter la mobilisation des ressources financières pour renforcer les capacités de financement de l’économie ivoirienne d’une part, et de procéder à une meilleure allocation des ressources, d’autre part. Comme vous le savez, un système financier performant doit être profond, avec des établissements bancaires et non-bancaires, et des instruments mieux adaptés pour offrir des possibilités plus larges aux individus et aux entreprises de recourir au financement direct ou indirect.

C’est le lieu de rappeler que le gouvernement ivoirien a adopté en 2014 la Stratégie de Développement du Secteur Financier, axée sur la stabilité et l’expansion du Secteur Financier, qui est mise en œuvre par le Programme de Développement du Secteur Financier (PDESFI).

Les mesures vigoureuses prises par le Gouvernement ont consisté notamment en :

i. la restructuration et la consolidation des structures bancaires du secteur public, notamment la CNCE et l’UNACOOPEC CI ;

ii. le renforcement du système financier décentralisé (SFD) ayant permis de porter les dépôts à environ 263 milliards au 30 juin 2018 ;

iii. l’approfondissement de l’inclusion financière avec la création de la nouvelle Agence chargée de l’inclusion financière ;

iv. la création de la Caisse de dépôts et Consignations en vue de mobiliser l’épargne publique longue ;

v. la création de l’Observatoire de la qualité des services financiers ;

vi. le renforcement du secteur des Assurances. Ce renforcement a permis une progression notable de l’assurance-vie qui représente désormais 44 % du marché, se rapprochant progressivement de l’assurance non-vie qui affiche 56 %. Il est à souligner que le marché ivoirien de l’assurance est le plus évolutif, et de surcroît le premier de la zone CIMA (Conférence interafricaine des marchés d’assurance). Le chiffre d’affaires enregistré en 2016 sur le segment assurance-vie qui constitue l’épargne longue s’établit à 133,5 milliards FCFA, par rapport aux 119,19 milliards FCFA de 2015, soit une progression de 12%. Cette progression est tirée par les contrats d’épargne qui dopent ce segment d’activité.

En ce qui concerne les marchés financiers, en coordination avec la BRVM et le CREPMF, les actions suivantes sont mises en œuvre :

i. favoriser la disponibilité de l’information financière pour tous les investisseurs ;

ii. augmenter la liquidité de marché en incitant les émetteurs à recourir au fractionnement des titres afin de les rendre plus accessibles;

iii. inciter au respect des règles du flottant en vue de l’accroissement du volume de transactions ;

iv. réduire les coûts et les délais d’obtention de visa et de cotation pour les émetteurs (offre) et les coûts d’accès au marché pour les investisseurs (demande) ;

v. favoriser le développement de la notation financière.

Ces actions ont permis de porter la capitalisation boursière de la BRVM, de 7 500 milliards de FCFA en 2015 à 7 706 milliards de FCFA en 2016 et 8 262 milliards de FCFA en 2017, soit un taux de progression de 10, 2 % sur la période concernée.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Le système financier ivoirien doit être à la hauteur des ambitions du pays. Malheureusement, il octroie, pour l’heure, beaucoup moins de crédits que celui des pays à revenu intermédiaire sur le continent africain, si bien que 2/3 des entreprises considèrent l’accès au crédit comme une contrainte sévère peu favorable à leur essor.

En Côte d’Ivoire, le Crédit domestique représente 26% du PIB contre 112% au Maroc et 180% en Afrique du Sud. Par ailleurs, ces pays ont des taux de mobilisation de recettes fiscales beaucoup plus élevés que la Côte d’Ivoire (15 % du PIB), Maroc (23.9 % du PIB) et Afrique du Sud (25.5 % du PIB)

Toujours en Côte d’Ivoire, et en 2016, pour un encours global des crédits à l’économie de 5 137 milliards de FCFA, seulement 536 milliards de FCFA de crédits ont été octroyés aux PME, soit 10,4%.

Au regard de cette situation, l’action devrait être triple, à savoir : (i) rendre les banques plus performantes dans leur fonction d’intermédiation financière ; (ii) diversifier le système financier ; et (iii) mieux protéger et éduquer les consommateurs.

Il est à souligner que le fort développement de la téléphonie mobile, notamment du mobile-money représente une belle opportunité pour améliorer l’inclusion financière et la capacité de captation de l’épargne. En effet, au 30 juin 2018, sur plus de 34 millions d’abonnés à la téléphonie mobile, 11,4 millions sont détenteurs de comptes mobile-money. Ces abonnés effectuent en moyenne 17 milliards de FCFA de transactions financières par jour.

Le secteur de l’économie numérique emploie plus de 120 mille personnes, quand le seul secteur de la téléphonie mobile génère un chiffre d’affaires annuel de plus de 1000 milliards de FCFA.

Par ailleurs, la Stratégie de Développement du Secteur Financier place aussi les PME au cœur des priorités nationales, notamment avec l’adoption le 31 octobre 2017 par le Parlement ivoirien de la loi uniforme sur le crédit-bail, après l’adoption en 2015 de la loi ivoirienne sur le crédit-bail. Par ailleurs, le gouvernement a adopté de nombreuses autres mesures depuis 2011 afin de faciliter l’accès des PME à la commande publique, notamment à travers l’attribution d’un quota de 20% des marchés aux PME, et l’octroi d’une marge de préférence de 5% aux entreprises sous-traitant au moins 30% de leur marché aux PME locales.

Le Gouvernement a aussi adopté en 2015 le programme Phœnix, d’un coût de 86 milliards FCFA sur la période 2015 à 2020, qui vise à améliorer l’accès des PME aux financements et aux marchés. L’objectif est de faire jouer un rôle prépondérant aux PME, notamment dans le processus de transformation locale de nos matières premières agricoles. Les problématiques à régler, à cet effet, se situent à trois niveaux, à savoir : (i) l’acquisition de la technologie, (ii) le développement des compétences et surtout (iii) la mobilisation des fonds de roulement.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Certaines solutions expérimentées par des pays émergents, pour un meilleur financement des PME par le marché financier sont connues. Nous attendons de vos discussions au cours de ce salon et de cette rencontre, qu’il soit fait des propositions concrètes permettant entre autres :

• de mieux adapter le cadre règlementaire ;

• d’assouplir les conditions d’accès ;

• de favoriser l’attrait de Fonds de Private Equity, notamment ceux spécialisés en financement des PME ;

• d’instituer une incitation fiscale ;

• de réaliser une transformation rapide du Mobile Banking en véritable instrument de financement de l’économie ;

• de réaliser la structuration d’un véritable marché hypothécaire en Côte d’Ivoire ;

• d’assurer une meilleure orientation des placements en assurances et fonds de pension, etc.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Le Gouvernement ivoirien se tient aux côtés des acteurs du secteur financier pour une réforme en profondeur de ce secteur. Il ne ménagera aucun effort pour soutenir et accompagner des initiatives innovantes comme celle qui nous réunit ce jour, en vue de bâtir un marché financier national et régional plus inclusif, capable de jouer pleinement son rôle de grand moteur dans le financement de l’économie.

Je voudrais dès lors engager tous les acteurs institutionnels du secteur financier et en particulier le secteur bancaire, à conjuguer leurs efforts pour réaliser les objectifs fixés par le Gouvernement dans le cadre du Programme de Réforme du Secteur Financier. Votre détermination doit refléter pleinement ce qu’est cette réforme, c’est-à-dire : une entreprise commune entre l’Etat et le secteur financier dans son ensemble, en vue de vous amener à soutenir, par des niveaux d’épargne et des concours toujours plus conséquents, notre marche victorieuse vers cette émergence que nous appelons tous de tous nos vœux.

C’est sur ces mots que je voudrais clore mon propos, en réitérant mes vifs remerciements et mes encouragements à toute la communauté financière ivoirienne ici rassemblée, avec tous ses partenaires au développement. Je puis vous assurer que le Gouvernement attend les résultats de vos travaux avec le plus grand intérêt.

Je vous remercie pour votre très aimable attention

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