HOMMAGE NATIONAL A BERNARD DADIE - ALLOCUTION DE S.E.M. DANIEL KABLAN DUNCAN VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

HOMMAGE NATIONAL A BERNARD DADIE - ALLOCUTION DE S.E.M. DANIEL KABLAN DUNCAN VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

HOMMAGE NATIONAL A BERNARD DADIE – ALLOCUTION DE S.E.M. DANIEL KABLAN DUNCAN VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

• Monsieur le Ministre de la Culture et de la Francophonie ;

• Monsieur le Ministre François AMICHIA, Maire de la Commune de Treichville ;

• Madame la Ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant ;

• Mesdames et Messieurs représentant les membres du Gouvernement ;

• Excellences Mesdames et Messieurs, les Ambassadeurs et membres du corps diplomatique ;

• Mesdames et Messieurs les représentants des partenaires au développement ;

• Chers membres des famille DADIE et Alliés ;

• Honorables participants ;

• Chers Amis des Médias ;

• Mesdames et Messieurs.

Un grand homme politique, plus précisément, John Fitzgerald Kennedy a dit un jour et je cite : « On connait une nation aux hommes qu’elle produit, mais aussi à ceux dont elle se souvient et qu’elle honore ». fin de citation.
Je suis donc très honoré et fier de représenter le Président de la République, S.E.M Alassane OUATTARA, à cette cérémonie d’hommage rendue par toute la nation à feu Bernard Binlin DADIE, notre illustre et émérite écrivain ivoirien.
• Honorables invités,
• Excellences Mesdames et Messieurs,
Il y a 03 ans de cela, se tenait dans cette même salle, Bernard Dadié dont l’âge avancé n’avait en rien entamé la vigueur et la clarté de l’esprit. Il célébrait alors ses 100 ans de vie dont 80 au service de la littérature francophone.
A cette occasion, ce jeune homme, oui, permettez-moi de l’appeler à mon tour ainsi, car sa vigueur avait alors été saluée par tous. Il en avait toutes les caractéristiques et il avait expliqué à l’assistance le sens de sa longue vie et de ses combats pour la grandeur du peuple ivoirien, voire pour le bonheur de l’humanité.
Il avait en particulier rappelé qu’il était devenu écrivain pour « écarter les ténèbres » et « ouvrir, à chacun, des fenêtres sur le monde».
Il me semble, Excellences Mesdames et Messieurs, qu’il ait réussi cette entreprise de façon admirable. En effet, l’esprit de millions de lecteurs a été éclairé par son œuvre prolifique couvrant tous les genres littéraires, notamment la poésie, le roman, le théâtre, les chroniques et les contes traditionnels.
Parmi ses œuvres les plus populaires, je me permets de citer : Carnets de prison, Climbié, Monsieur Thôgô-Gnini, Le pagne noir.
Oui, il a effectivement repoussé les ténèbres et installé la lumière dans nos esprits. C’est donc à juste titre que de son vivant, son nom fut cité au côté des grandes figures de la littérature africaine et mondiale.
Cette reconnaissance, il ne l’a pas gardée pour lui seul. Il l’a offerte à la Côte d’Ivoire, en sa qualité de Père et d’ambassadeur des Belles-Lettres ivoiriennes.
Toute sa vie, il s’est contenté de vivre de peu, pour mieux se soucier des autres. C’est pourquoi, il a choisi de parler pour les autres, à travers ses écrits. Parce qu’il sait que l’homme est le remède aux maux causés par les hommes, il s’est proposé de parler à tous les hommes et d’ouvrir les horizons pour la bonne marche de la société.
L’éthique, la conviction, la foi, la fidélité à soi sont des lumières qui ont constamment éclairé ses nombreux combats d’écrivain.
Le Monde littéraire ivoirien a légitimement souhaité qu’il obtienne le Prix Nobel de littérature. Il le méritait, amplement au regard de l’immense œuvre littéraire qu’il a produite.

Mais, il a eu un Nobel d’un autre type, tout aussi glorieux. Il s’agit du Nobel de la reconnaissance de sa grandeur d’écrivain par des millions d’élèves et d’étudiants, sur plusieurs générations, pas seulement en Côte d’Ivoire mais aussi en Afrique, voire dans le monde.

Cette reconnaissance est, pour nous, un Nobel de l’encensement, de l’élévation des esprits, pour un meilleur devenir des enfants d’Afrique et du monde.

Car, Bernard Dadié est un « homme de tous les continents » dont le port d’attache est son pays, notre beau pays : la Côte d’Ivoire.
Aujourd’hui, après avoir âprement mené le combat pour ses idées, il a rangé sa plume.
Il part, en homme fier, pour avoir vécu une vie bien remplie, à l’âge très honorable de 103 ans.
Il part rejoindre les grands disparus de notre jeune Nation avec, à leur tête, le Président Félix Houphouët-Boigny, l’illustre Père-fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, Monsieur Gabriel Dadié, son père à lui qui fut au cœur de la création du Syndicat Agricole Africain, ainsi que sa sœur, Mme Hortense Aka-Anghui, illustre fille de la nation qui fut Ministre de la République et Maire de la commune de Port-Bouët pendant 36 années.
• Honorables invités,
• Excellences, Mesdames et Messieurs,

La liberté était un mot cher à Bernard Dadié. Elle était le moteur de sa vocation de servir son pays et d’ouvrir ses concitoyens aux beautés de la lumière.
Pour préserver cette liberté, il s’est lancé corps et âme dans la défense des siens. Cela lui a valu la prison en 1949, sous l’administration coloniale, avec sept autres compagnons d’infortune qui, comme lui, étaient des jeunes militants du PDCI-RDA.
Cette expérience carcérale a été à l’origine du soulèvement des femmes qui ont marché sur la prison de Grand-Bassam et a permis notamment à notre pays de se doter d’un lieu de mémoire glorieux : il s’agit du célèbre « Pont de la Victoire » de Grand-Bassam.
L’expérience carcérale de Dadié lui a inspiré l’écriture d’un beau poème : « Le Corbillard de la liberté ».
Le titre de ce poème est tout un programme de vie. Il est une célébration de ses convictions en faveur des libertés individuelles et collectives.
Ces convictions, soulignons-le, sont le cœur de son combat et de son existence. Il ne les a jamais reniées, quoique cela puisse lui coûter.
Il était un homme de défis. Il savait, mieux que quiconque, que le socle de tout défi se trouve dans la générosité du cœur, le refus des intérêts personnels et la promotion des valeurs humaines collectives.
Même si par moment, certaines prises de position de cet illustre personnage ont pu susciter des incompréhensions, Bernard Dadié reste une figure importante dans la « Grande histoire » de notre pays.
Il est notre fierté à tous.
• Honorables invités,
• Excellences Mesdames et Messieurs,

Avant de nous quitter, Bernard Dadié invitait ses interlocuteurs à parler à la jeunesse, cet immense trésor dont il faut prendre grand soin.
Il aimait à rappeler l’une des grandes valeurs que devait défendre cette jeunesse pour s’ancrer dans ce monde de compétitions et entrer, elle aussi, dans l’histoire par la grande porte. Cette valeur, c’est le travail.
Cela d’ailleurs en harmonie totale avec notre devise nationale « Union, Discipline, Travail ».
A propos du travail, je voudrais citer sa célèbre formule qu’il aimait constamment rappeler à notre jeunesse, je cite :
« Le travail, et après le travail, l’indépendance, mon enfant. N’être à la charge de personne : telle doit être la devise de votre génération. Et il faut fuir celui qui n’aime pas le travail !», fin de citation.

Cette formule est l’un des plus beaux testaments que laisse à notre pays et au monde l’illustre homme que nous honorons ce jour.

• Honorables invités,
• Excellences Mesdames et Messieurs,

Aujourd’hui, par cet Hommage national, la Côte d’Ivoire entière est fière d’honorer cet écrivain émérite, ce « Père » de la littérature ivoirienne, qui fut, par ailleurs, un important Ministre de la Culture et un Grand serviteur de l’Etat.
Je voudrais donc saisir cette occasion pour adresser, au nom du Président de la République, S.E.M Alassane OUATTARA, nos vifs remerciements à l’ensemble des personnalités et notamment celles du monde politique et des milieux littéraires et artistiques qui ont bien voulu faire le déplacement pour assister à cet événement mémorable.
Merci aussi aux nombreux public et admirateurs de l’illustre défunt, ici présents.
Puisse DIEU accueillir notre regretté Bernard DADIE dans sa demeure éternelle !
C’est sur ces mots que je déclare, au nom du Président de la République, S.E.M Alassane OUATTARA, ouvert l’Hommage national à Bernard Dadié, écrivain ivoirien né en 1916 et décédé le 9 mars 2019.

Je vous remercie de votre aimable attention.

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